Bonjour
Le comité de section de la Moselle a souhaité mener une réflexion sur la question du financement de la dépendance dans le cadre de notre débat actuel sur la question du "bien vieillir" et je soumets ,à l'avis des participants du forum, une première contribution du comité de section de la Moselle dont je suis l'actuel président.
Amicalement.
Laurent SCHMITT
La France tout comme l'Allemagne consacre au financement de la perte d’autonomie une part relativement modeste de son PIB (1,4% et 1,3%) contre 3% en Suède et 2% au Danemark. Dans nos deux pays le reste à charge hébergement moyen est d'environ 2000€/mois contre 200 dans les deux autres pays cités. Le rapport Libaut estime que pour faire face aux besoins il faudrait augmenter les dépenses publiques d'environ 9 milliards € qui pourraient être financées par une réorientation des sommes collectées par la CRDS.
Nous partageons l'analyse de la Mutualité Française qui trouve que ces propositions vont dans le bon sens mais que l'objectif de baisse du reste à charge devrait être plus ambitieux (le rapport Libaut propose 300€ pour les personnes gagnant entre 1000 et 1600€ pour un reste à charge moyen actuel en Ehpad de 1850€/mois).
Par contre nous nous interrogeons sur l'opportunité de la proposition de la Mutualité Français pour faire baisser davantage la facture pour les Français : « En complémentarité de la solidarité nationale, une solution assurantielle, solidaire parce que généralisée ne doit pas être écartée du débat public autour du futur projet de loi. »
Une telle solution ne comporte t elle pas des risques que nous aurons du mal à maîtriser ?
-une solution assurantielle sera t elle solidaire parce que généralisée ? On peut en douter, les acteurs qui vont concourir ne seront pas tous issus de l'économie sociale et solidaire, et les lois du marché s'imposeront à tous. Au bout du compte cette couverture complémentaire risquera bien de dépendre essentiellement des capacités contributives des cotisants.
-Faire une telle proposition ne comporte t elle pas le risque d'inciter les pouvoirs publics à se désengager davantage, à toujours augmenter les « restes à charge » ? depuis des années nous subissons déjà cette logique qui ne cesse de faire grimper les cotisations de nos adhérents, ne contribuons pas à les rendre insupportables !
-le rapport Libaut n'a pas retenu la solution d'une cotisation assurantielle obligatoire pour « absence d'équité » ; une majorité d'associations et de syndicats de retraités ne sont pas favorables à une telle proposition et revendiquent une prise en charge à 100% de la perte d'autonomie ; sommes nous capables de nouer le dialogue, d'écouter et d'entendre ce qui se dit autour de nous ?
Oui nous considérons la perte d'autonomie comme un accident de la vie qui doit être pris en charge par la Sécurité Sociale, comme une ALD, à 100%.
Oui nous savons qu'il faudra cotiser davantage, ce sera aux pouvoirs publics de taxer tous les revenus, du travail comme du capital et garantir ainsi à chaque citoyen un égal accès aux soins.
Oui notre Mutuelle doit défendre et promouvoir la Sécurité Sociale véritable outil de redistribution et réduction des inégalités.
Oui notre Mutuelle doit apporter à ses adhérents les compléments utiles et les outils nécessaires pour éviter le plus possible les accidents de la vie.
Gilles, Président de la section MGEN du Morbihan
Bonjour Laurent,
Le résumé est complet et je ne ferai ici qu'une courte réponse - réflexion pour contribuer au débat.
Je suis tout a fait d'accord sur l'inquiétude liée à la perte de solidarité. Je pense que la seule solution envisageable en l'état et qui prend en compte tous les paramètres qui sont évoqués ci-dessus est effectivement une contribution large de tous au bénéfice de cet inévitable vieillissement de la population française et surtout d'un reste à charge (RAC) de l'assuré mutualiste de plus en plus conséquent.
Par contre, je suis aussi persuadé que l'Etat doit contribuer très majoritairement à ce RAC car ce n'est pas aux mutuelles de payer l'addition. On sait tous comment cela se termine par une augmentation mathématique des cotisations...
Il existe des capitaux à mobiliser. On se doit d'être audacieux et imaginatif !